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Ma démarche de planification


Par le passé, j'ai partagé quelques conseils sur ma planification de différents morceaux de l'année scolaire sans vraiment m'attarder en détails sur ma façon de faire pour la planification annuelle. De plus, ma pratique a évolué avec les années.


Dans cet article, je vais tenter de vous illustrer le mieux possible ma démarche de planification. Personnellement, c'est une tâche que j'apprécie beaucoup de mon métier. Avant toute chose, je crois qu'il est important de mettre la table:


- Je ne suis pas une spécialiste de la planification. Cela reste un processus personnel. Je partage ma démarche qui ne s'applique peut-être pas à votre façon de planifier et d'enseigner.


- Une planification doit être flexible. C'est donc important de la revoir fréquemment pour s'assurer qu'elle répond aux besoins de nos élèves. Bien que de partir d'une planification existante est moins de travail et est rassurant, cela ne veut pas nécessairement dire qu'elle est adaptée au groupe d'élèves de l'année en cours. De plus, bien que le travail d'équipe entre collègues est gagnant, il reste que votre groupe d'élèves n'a pas exactement les mêmes besoins que ceux de votre collègue. Il faut donc se laisser un peu d'espace pour notre touche personnelle!


- La planification est liée à l'évaluation. Bien que cet article n'est pas sur ce sujet, je parle un peu de ma démarche d'évaluation ici et je partagerais quelques conseils à la fin de l'article.


 

J'ai divisé ma démarche en étapes structurées.


1.Séparer l'année scolaire en blocs et en sous-blocs

Je trouve cela beaucoup plus efficace (et moins intimidant!) de découper l'année scolaire en blocs. Mes blocs sont réfléchis en fonction des étapes de l'année, mais aussi de la progression de mes élèves.


Pour moi, le mois de septembre est dans une catégorie complètement à part du reste de l'année (un peu comme juin!). Septembre est le mois où les élèves apprennent comment la classe fonctionne et où l'enseignant.e met la table pour le reste de l'année. Je parlerai plus en détails des priorités à placer en septembre un peu plus bas.


Voici un schéma des blocs dans mon année. Certains blocs sont plus longs que d'autres en français et en mathématiques. Pour les autres matières, j'y vais plutôt avec une planification mensuelle, car je travaille par thème.


Cette séparation en blocs me permet de planifier les plus gros morceaux de ma planification. En français, je place les types de textes qui seront vus autant en lecture qu'en écriture. Je peux ainsi planifier les traces que j'utiliserai pour mon jugement professionnel.


En mathématiques, je préfère enseigner par domaines des mathématiques c'est-à-dire par exemple que je fais toutes les notions reliées au domaine des fractions dans un même bloc. Les notions sont souvent liées entre elles et cela permet aux élèves de ne pas oublier. Le danger avec cette approche est que lorsqu'on est dans un autre domaine que les fractions par exemple, les notions ne doivent pas être mises de côté au risque d'être oubliées. Je planifie donc dans mes routines et mes remue-méninges des activités pour réviser en spirale les notions prioritaires pour m'assurer que les élèves sont capables d'aller chercher les connaissances acquises et emmagasinées précédemment.


2. Choix des dispositifs utilisés

Par la suite, je dois réfléchir aux différents dispositifs que je veux mettre en place dans ma classe, car cela touchera évidemment à ma planification, mais aussi à l'évaluation. Par exemple, je n'ai pas de matériel en sciences. Je travaille uniquement par projets. Je peux donc prévoir environ un projet par mois. Lorsque je planifie mes sciences, je vais tenir compte des différents domaines en sciences et m'assurer de toucher un peu à tout. Pour plus de détails sur ma planification en sciences, je vous invite à lire mon article sur le sujet.


Si je désire mettre en place les ateliers d'écriture, cela touche directement aux types de textes et aux différents savoirs liés à l'écriture comme les stratégies rédactionnelles. Pour plus de détails sur ce sujet, je vous invite à lire le référentiel d'interventions en écriture du MEES.


Ce genre de dispositifs peut être décidé en équipe. Cela permet le partage de pratiques et de ressources que vous pouvez adapter aux besoins spécifiques de vos élèves par la suite. Par exemple, votre équipe et vous désirez réaliser davantage de lectures interactives. Chaque enseignant peut utiliser le même album basé sur une planification commune de lecture interactive trouvée sur le web. Votre collègue met l'accent sur l'appréciation lors de sa lecture, tandis que dans votre classe, vous aimeriez réviser les mots de substitution qui est une stratégie liée aux inférences qui reste un obstacle pour plusieurs de vos élèves.


Selon l'évaluation au service des apprentissages, pour établir son jugement professionnel, l'enseignant.e doit trianguler des traces provenant de 3 sources différentes:

- observations (pouvant être réalisées à tout moment)

- entretiens avec les élèves (cela demande une mise en place réfléchie)

- productions d'élèves (qui n'est pas un synonyme d'évaluations chiffrées)


En ayant cela en tête, cela touche directement au choix des dispositifs. Si en lecture, je veux m'entretenir avec mes élèves, je dois prévoir des moments pour le faire. L'organisation de la classe et des élèves durant ses moments doit aussi être réfléchie, car les conditions de la classe doivent être faborables pour tous.


3.Planifier en détails un bloc à la fois

Je planifie un bloc en détails à fois sachant que les plus gros morceaux ont été placés. Je n'ai donc pas d'inquiétude au niveau du programme et de la progression des apprentissages. Lorsque je planifie en détails, je morcelle souvent les notions. Je ne peux pas enseigner par exemple la mesure des angles à l'aide d'un rapporteur d'angles et mettre mes élèves en travail tout ça en une période d'une heure et me dire que c'est fait et acquis pour tous. Ce n'est pas réaliste. C'est pourquoi je planifie sur 2 semaines au lieu d'une. Cela me permet de mettre en place les moyens efficaces pour un étayage suffisant et un désétayage progressif.


J'ai construit des outils pour créer un horaire stable sur 2 semaines. Voici le lien vers les documents gratuits. https://www.mieuxenseigner.ca/boutique/index.php?route=product/product&product_id=99907



Par exemple, lors de la semaine 1, je revois les types d'angles pour accrocher les nouvelles connaissances aux acquis de mes élèves. Je peux ensuite présenter le rapporteur d'angles et l'unité de mesure. Je peux modéliser aux élèves la manipulation du rapporteur et les faire pratiquer seulement à placer le rapporteur sur des angles sans les mesurer. Ensuite, on peut parler des degrés selon les types d'angles et enseigner aux élèves à se questionner sur le type d'angle avant de le mesurer. Cela permet de placer le rapporteur au bon endroit et de choisir la bonne échelle de mesure. Lors de la 2e semaine, on peut ensuite demander à certains élèves de venir le faire en avant. On peut ensuite le pratiquer en duo et ainsi de suite jusqu'à ce que les élèves puissent le faire seul.e ou presque. Pour les cocos qui ont encore des difficultés, il faut planifier une aide supplémentaire. Les différents moments nommés plus haut ne durent pas 1 heure chacun. De plus, le temps d'enseignement à proprement dit ne dure pas plus de 10 minutes. Le temps de pratique, guidée, en dyade ou autonome, devrait toujours être plus long. C'est pourquoi je vous encourage à voir votre planification hebdomadaire en petits blocs de 30 minutes plutôt qu'une heure. C'est beaucoup plus adapté à la capacité de concentration des élèves même au 3e cycle et vous aurez l'impression de vraiment enseigner de façon durable (et non trop rapidement pour passer le programme!).


Une autre façon de planifier en détails les blocs est de partir de la fin c'est-à-dire à rebours. Si votre but est que vos élèves écrivent une histoire, il faut inventorier toutes les stratégies et les connaissances dont ils auront besoin. Ils devront aussi se pratiquer à écrire plusieurs petites histoires accompagnées de votre rétroaction au prélable avant la tâche globale de fin de bloc. Il faut donc placer le tout de façon équilibré à travers le bloc pour permettre aux élèves d'acquérir les connaissances, de pratiquer les stratégies nécessaires pour réussir et démontrer leur degré de développement de la compétence lors de la tâche globale.


4. Septembre


Plus haut, je vous ai souligné que pour moi, septembre est un mois très différent des autres. Bien que nous prévoyons l'enseignement de certains apprentissages, septembre est le temps où on installe le fonctionnement de notre classe et où nous apprenons à connaître nos élèves. La planification de septembre sera donc très certainement différente du reste de l'année. Il faut prendre le temps de bien intégrer les différents dispositifs pour que notre enseignement soit efficace dans les mois qui suivent. Le temps investi en septembre vaut la chandelle!


Voici une liste non-exhaustive de différentes leçons/activités/priorités prévues pour septembre :

- Routines de la classe;

- Règles et comportements attendus;

- Horaire type de la classe;

- Développement du sentiment d'appartenance au groupe et à la classe;

- Développement du lien enseignant/élève;

- Mise en place des partenaires de travail;

- Dégustation littéraire et questionnaire sur les intérêts en lecture;

- Mise en place de la zone lecture (entrainement à la lecture individuelle);

- Comment choisir un livre;

- Comment utiliser le matériel à emprunter dans la classe;

- Initiation aux partages (littéraires et des auteurs);

- Introduction au carnet de lecture;

- Introduction au carnet d'écriture;

- Fonctionnement en ateliers;

- Stratégies de dépannage lorsque Mme Karine n'est pas disponible;

- Utilisation de l'agenda;

- Plan de travail;

- Premiers entretiens lecture et écriture;

- Présentation de la démarche scientifique;

- Élaboration d'un portrait du groupe français et maths;

- Introduction au conseil de coopération;

- Etc.


5. Conseils de Karine


Voici quelques conseils qui n'entrent pas nécessairement dans les catégories précédentes.


- lier les stratégies de lecture avec celles d'écriture. Par exemple, si vous voyez la stratégie d'inférer le lieu ou le temps d'un récit à partir d'éléments implicites en lecture, vous pourriez voir la stratégie de décrire de façon intéressante le lieu ou le temps dans un court paragraphe dans la même semaine. Cela simplifie la planification en plus d'éviter de travailler en silo. L'intégration des notions à travers plusieurs matières est vraiment gagnant pour les élèves.


- Contextualiser les notions de grammaire. Par exemple, si vous enseignez à reconnaître les groupes du nom dans une phrase (connaissance préalable pour l'accord dans les GN), expliquer aux élèves pourquoi et quand ils auront recours à cette stratégie. Lors de l'écriture de la semaine, vous pourriez demander aux élèves de vous montrer, de la façon dont ils préfèrent, la stratégie apprise. Le but de l'apprentissage de la grammaire est un morceau dans la grande compétence de l'écriture qui touche surtout 2 critères d'évaluation. Il est donc important pour l'enseignant d'établir ses liens entre les différents contextes pour encourager le transfert des stratégies et des connaissances chez les élèves.


- Travailler par thème. Cela reste une préférence personnelle, mais cela a complètement changé ma façon de planifier et surtout, cela m'a vraiment aidé à intégrer la littérature jeunesse, surtout au début. Je réalise un thème par mois environ ou par bloc (voir la planification globale plus haut). Les élèves deviennent donc experts d'un thème qui est travaillé dans plusieurs matières. Si je demande une tâche plus complexe en lien avec le thème, les élèves se sentent beaucoup plus en confiance. Leur motivation et leur engagement sont touchés positivement et cela a un effet sur leur réussite au bout du compte. Cela m'a aussi aidé pour planifier les projets de sciences, d'arts et d'ECR. Vous trouverez plusieurs de mes planifications thématiques sur la page d'accueil de mon site web. J'ai aussi partagé plusieurs mois de planification globale pour le 3e cycle ici.





- La progression des apprentissages (PDA) n'est pas le programme et vice-versa. Il est important d'utiliser les différents outils tels que le programme, la PDA et les critères d'évaluation du Ministère lors de la planification globale. Vous trouverez aussi les attentes minimales de fin de cycle surtout utilisées pour prioriser certains apprentissages chez nos élèves en difficultés. Vous pouvez demander une consultation avec un conseiller pédagogique pour en savoir plus.


- Si vous avez le désir de changer vos pratiques, ciblez une pratique par année. Essayer trop de nouvelles choses en même temps est très énergivore. Vous ne sentirez pas que vous êtes compétent, car certaines choses devront être mises de côté. Une pas à la fois!

 

Je sais que l'article est assez dense, mais j'ai tenté d'être le plus précise possible pour expliciter les différentes étapes de ma démarche de planification. J'espère réellement que cet article vous a été utile!


Voici quelques lectures très intéressantes à propos de différentes composantes nommées à travers l'article:


- Dispositifs en lecture et en écriture, enseignement des stratégies en intégrant lecture, écriture et oral, évaluation au service des apprentissages : La lecture et l'écriture Fondements et pratiques au 2e et au 3e cycle du primaire, Chenelière Éducation


- Échelles d'habiletés, étayage, etc.: - Guide pour un ensemble durable, Éditions D'eux


Bonne rentrée!





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